Jean Paul Savigny, peintre et graveur



Jean Paul Savigny ( 1933-2001), peintre et graveur,  installa son atelier à Kernéant à la fin des années 50. Après avoir parcouru le pays bigouden, il se consacra à mettre en valeur la campagne de notre région. Il abandonna progressivement la peinture au couteau pour adopter un style qualifié de néo-impressionnisme et de pointillisme .
Il fut l'élève de Robert Cami, un professeur de dessin et de gravure de réputation internationale et  installa une presse dans son atelier à Kernéant . Dès lors le peintre mania aussi bien le pinceau que la pointe sèche ou le burin. Portrait du graveur réalisé en mars 1978.
Jean-Paul Savigny dans son atelier de Kernéant


 Un peu de technique

 

« Pour faire une gravure, il faut d'abord faire un dessin du motif. Pour moi. ce sont surtout des paysages. Quand je reproduis ce dessin à l'envers, ce qui est à droite vient à gauche et inversement. Ceci pour retrouver plus tard le paysage exact sur l'épreuve papier. Ensuite, je grave, dessine sur une plaque de cuivre le motif à reproduire. Il y a de nombreuses techniques : pointes sèches, burin, la manière noire, au soufre, avec de l'huile d'olive, au sucre avec de l'encre de Chine.  Pour obtenir un " grain ", on projette aussi du vernis ou bien une résine... »
Ce vernis protège la plaque de cuivre, seul l'espace entre les grains sera attaque par l'acide nitrique.
Le graveur peut encore utiliser la technique de l'eau forte : une plaque recouverte de vernis. Le dessinateur gratte le vernis pour reproduire son motif et l'acide attaquera les parties non protégées par le vernis, créant des sillons pour l'encrage.


Pont-Aven et la campagne ont souvent inspirés l'artiste


La première épreuve

 

Une gravure se fait en plusieurs étapes. Quand il estime son travail de gravure bien avancé, le peintre tire une épreuve pour se rendre compte de l'effet obtenu. Il commence par noircir la plaque au rouleau encreur. Il tiédit la plaque de cuivre gravée pour que l'encre pénètre dans les moindres sillons. Il essuie la plaque avec de la tarlatane (toile à canevas) puis de la mousseline. Les parties non gravées redeviennent brillantes, l'encre restant seulement dans les creux. Le papier a été humecté plusieurs heures à l'avance pour ne pas se déchirer. La plaque et le papier passent sous le rouleau de la presse, avec des précautions bien sûr. Et l'épreuve d'état apparaît. L'artiste en fera peut-être  plusieurs après des reprises de gravure jusqu'à ce qu'il soit satisfait. L'épreuve définitive est réalisée de la même façon.
" Cette presse, fabrication maison, exerce une pression qui peut atteindre cinq-six tonnes au centimètre carré. Ce sont deux cylindres d'acier avec, au milieu, une table d'acier entraînée par le cylindre de dessus Cette presse a une ouverture de 90 centimètres".

Beaucoup de minutie

 

 En eau-forte, le graveur tire entre 25 et 75 épreuves définitives. Ne sont considérés comme " originaux"• que les épreuves gravées et tirées par l'artiste. Beaucoup de dessinateurs donnent leurnt oeuvre à graver et à tirer à un professionnel à cause du côut de d'une presse et de l'apprentissage que suppose la gravure*

J.-P. Savigny : On apprend toute sa vie. Suivant les dons que l'on a, on acquiert plus ou moins vite la technique. Mais le tour de main, les trucs du métier, c'est au hasard du travail qu'on les découvre. »
II faut beaucoup de patience et d'adresse. On est satisfait quand on découvre, au fur et à mesure des épreuves d'état, son travail. La grosse satisfaction, c'est l'épreuve du « bon à tirer » Et puis, il faut de la propreté. « Une gravure est belle d'abord quand le tirage est convenable, qu'il n'y a pas de marques imprévues. Le trait doit être net. La qualité du papier joue encore : un papier chiffon du genre  Arches  ou  Japon Nacre donne de belles gravures. Il faut dire encore que les choses les plus simples sont parfois les plus difficiles à rendre : un ciel par exemple. C'est un art que de reproduire le dégradé des nuages en eau-forte. »

Comme une collection de timbres

 

Au 17e et 18e siècle, la gravure a connu son âge d'or puis la vogue a passé, des presses ont même été cassées.Fin 20e siècle,  les spécialistes et amateurs constatent un retour: une gravure prend de la valeur comme toute œuvre d'art. Il existe en gros deux catégories de personnes intéressées par les gravures : « Celles oui ont des tableaux et qui achètent des gravures pour décorer leur intérieur et puis l'amateur d'estampe. Ce dernier range ses gravures dans un carton, ne les encadre pas et les garde un peu comme une collection de timbres. »
Les jeunes marquent de plus en plus d'intérêt pour ce métier d'art. Mais le profit matériel n'en est pas immédiat. Il faut se faire un nom à force de persévérance et de talent. La gravure s'apprend dans une école de Beaux Arts ou une académie libre, et surtout par l'expérience. Et l'artiste de conclure : " La gravure présente plus de possibilités que la peinture".


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