Jean Mévellec, pionnier du syndicalisme agricole

 A l'époque mouvementée des actions paysannes de 1960, un Scaërois lui avait dit : « Tu termineras en prison un jour, ou tu auras la Légion d'honneur ». La première hypothèse a peu de chance de se réaliser. Par contre, en juin 1979, Jean Mévellec, de Coat Scaër Vihan fut décoré de la Légion d'honneur par Marc Bécam, secrétaire d’État.


Un pionnier du syndicalisme

 


Jean Mévellec (1903/1985) fut élu en 1924 au « Syndicat ». Cette association s'occupait de la défense des intérêts des agriculteurs : « On l'appelait aussi le syndicat-boutique parce qu'il tenait alors le rôle qu'est maintenant celui des coopératives, notamment pour les approvisionnements en engrais ». ( NB : Au fil des décennies, le Syndicat s’est mué en  Office central des association agricoles et a donné naissance à Groupama, au CMB, Coopagri, Triskalia…)
En 1929. M. Mévellec est élu au Conseil d’administration du syndicat, du Crédit agricole, des Caisses rurales, de la Caisse de mutualité et assurances.
Pour connaître la suite de ses fonctions à la tête des organisations agricoles, voici qu’annonçait le « Who's who »  en 1979: président du syndicat local pendant une vingtaine d’années ; président départemental de la F.D.S.E.A. de 1958 à 71, puis président d'honneur de la fédération: administrateur de la F.N.S.E.A., vice-président de la Confédération des producteurs de légumes de conserves, secrétaire général d'Unilec, président de la Chambre d'agriculture (de 64 à 74) du Finistère, puis de Bretagne.  Atteint par la limite l'âge, il est devenu président honoraire de ces deux institutions. M. Mévellec est aussi ancien vice-président de la coopérative de Landerneau, président du GIE. Lait-viande, président du silo portuaire de Brest, membre du Conseil économique et social, dont il fut vice-président.

M. Mévellec, avant d'être promu chevalier de la Légion d'honneur en 1979, était chevalier de l’Ordre national du mérite et chevalier de l'Hermine bretonne : « C'est une décoration à laquelle je tiens beaucoup. Nous ne sommes que deux survivants de cet ordre ; c'est une décoration instituée par les ducs de Bretagne pour leur meilleur chevalier. Le CELIB l'avait remise en vigueur et ce fut M Lombard, alors président du CELIB., qui me décora ».
M Mévellec était aussi titulaire de la médaille de vermeil de la coopération, de la mutualité et du crédit.

La confiance et l'amitié

 

Peu de temps avant la remise de la Légion d’honneur, il  avait partagé quelques souvenirs
« Ce qui m'a le plus frappé durant ma carrière, c'est la prise de conscience des agriculteurs en face de leurs problèmes... Toutes les organisations sont nées du syndicalisme. A la création de la Chambre d'agriculture, le syndicat devint une organisation dont la mission était de défendre les intérêts de tous. A côté, se sont mis en place des organismes spécialisés : assurances, crédit. Le catalyseur en fut M. de Guébriant, aidé d'hommes de classe, tels que M. Tynevez et Pérez. Au contact de tels hommes, j'ai fait mes humanités dans le grand livre de la vie et appris à connaître le genre humain...
« Les années ont passé, beaucoup de choses ont été obtenues : tout n'est pas à recommencer... L'exploitation familiale a été le but de ma vie. Pendant 50 ans, j'ai tenu une ferme de 17 ha grâce aux cultures qu'étaient les petits pois, les haricots, les pommes de terre de sélection. Les temps ont changé, aujourd'hui le marché est plus ouvert. Il faut s'orienter vers d'autres productions, en hors sol par exemple. Mais cela coûte cher. Le problème : faire éclater l'étau dans lequel se trouve enfermé l'agriculture. II faut à tout prix que les agriculteurs se resserrent les coudes pour faire face aux contraintes...  Si j'avais mes entrées aussi bien à Matignon qu'au ministère de l'Agriculture, c'est que l'on savait que j'avais la confiance et l'amitié de ceux qui m'avaient mis à leur tête. J'ai eu aussi la chance d'avoir des collaborateurs de classe qui n'ont ménagé ni leur temps, ni leur peine.
 Un mot encore sur mes deux derniers enfants : Le G.I.E. et le silo portuaire. Pour le G.I.E. lait-viande, il a fallu beaucoup de concertation entre les responsables des organismes spécialisés pour viser dans le même sens. L'affaire a été mise sur pied grâce à la confiance que nous avions les uns dans les autres et grâce à l'appui de l'administration régionale.
Le silo portuaire de Brest : il fallait concilier les intérêts des coopératives et des privés, celui des importateurs de soja maïs, des fabricants d'aliments. J'ai eu la chance d'avoir autour de moi des hommes compétents et tout le monde s'est attelé à la tâche pour la réussite de notre entreprise. En conclusion de cette vie parfois mouvementée de responsable, je dis que la confiance des uns envers les autres et l'amitié soudée peuvent soulever des montagnes. Seul, j'étais comme un grain de sable dans le désert. La providence a voulu que, dans toutes les organisations, je sois entouré de collaborateurs compétents et dynamiques. Si, aujourd'hui, j'ai la croix de la Légion d'honneur, c'est surtout à eux qu'elle devait revenir ».

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