Une taxe sur l'alcool pour l'église!


"Vous prendrez bien une absinthe, c'est pour aider la commune à payer la nouvelle église."  Une réplique surprenante que l'on aurait pourtant pu entendre prononcer avec beaucoup de sérieux dans les estaminets du bourg, vers 1880. La municipalité de Scaër s'escrimait à trouver de nouvelles sources de financement pour construire une nouvelle église: une loi inédite « portant établissement d'une surtaxe sur l'alcool à l'octroi (*) en faveur des travaux réalisés sur l'édifice religieux » va être votée...


 

Une loi qui date de 1873


Plusieurs documents permettent de s'informer sur ce sujet sur le site de la Bibliothèque nationale de France. Tout commence le 7 novembre 1873 avec la présentation d'un projet de loi par le maréchal de Mac-Mahon (Journal officiel du 17 novembre 1873) : le conseil municipal de Scaër requiert alors l'autorisation de réévaluer le tarif de l'octroi (*) et de percevoir 15 francs par hectolitre d'alcool pur contenu dans les eaux-de-vie, absinthes, liqueurs et fruits alcoolisés... Une imposition extraordinaire qui servira à rembourser en douze ans un emprunt de 50.000 francs, destiné à la reconstruction de l'église paroissiale.

 L'église puis les routes 

 

Le projet de loi est rapidement adopté : au lieu de s'interrompre en 1885, elle sera prorogée jusqu'au 31 décembre 1889, car l'emprunt « n'avait pu être amorti dans les délais voulus, par suite de l'emploi à un autre usage d'une partie des ressources destinées à l'extinction de la dette ». Si la commune propose alors d'assurer sa dette de 13.000 francs en trois annuités de 4.650 à 4.850 francs, il s'avère nécessaire de recourir à d'autres ressources. Représentant une recette annuelle de 1.672 francs, la surtaxe jouera ce rôle de levier complémentaire. Une nouvelle prolongation de la loi sera signée par le président de la République Félix Faure le 25 février 1895.


Un p’tit coup pour l'église puis pour la route...
Puis , jusqu'au 31 décembre 1897, une surtaxe de 5 francs par hectolitre sera ainsi perçue par la commune « pour rembourser un emprunt contracté pour la construction des chemins vicinaux N° 3 et 9 ».
Conclusion : " Vous prendrez bien un dernier verre ... pour la route"!




(*) L'octroi est une contribution indirecte perçue autrefois par les communes pour importer des marchandises.


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