Jean Stéphan, matricule 38393 à Buchenwald


Jean Stéphan est un résistant dont le nom a été ajouté sur la stèle de la place de la Résistance en 2018 grâce à la persévérance de ses neveux rouennais, Jean-Pierre Després, et son épouse Emma Le Gall, originaire de la commune.


Premières recherches en Israël…




Né le 13 juin 1912, Jean Stéphan habitait à Kerflec’h, à Scaër. En 1940, « il prend la route », laissant sa famille sans nouvelles. Après la Libération, sa mère, inquiète, s’informe auprès du ministère des Anciens combattants. Elle apprend que son fils est porté disparu en Allemagne. En 2004, lors d’un voyage en Israël, au mémorial des victimes de l’holocauste « Yad Vashem », M. et Mme Després retrouvent la trace de Jean Stéphan dans les archives. Le 16 décembre 1943, il a été déporté de Compiègne vers Buchenwald, avec 920 autres compagnons d’infortune, dans le cadre de l’opération « Écume de mer », conclue entre Fritz Sauckel ( l'organisateur des déportations de travailleurs des pays occupés vers l’Allemagne) et Pierre Laval pour fournir, au IIIe Reich, la main-d’œuvre nécessaire à son effort de guerre. 


 

Correspondance familiale au Mémorial de Caen


Au mémorial de Caen, le couple découvre ensuite la correspondance échangée avec sa famille. Les Després se rapprochent de l’association Buchenwald-Dora et se rendent au camp principal. Ils y apprennent que Jean Stéphan a été transféré à Dora, en avril1944, pour travailler à la construction des V1 et V2 (ndlr : missiles de l’armée allemande). Poursuivant leurs recherches, ils apprennent que leur oncle a quitté Dora en novembre pour Ellrich, où il est mort d’épuisement, le 22 mars 45. Son corps n’a jamais été retrouvé. 
 

Perpignan, Compiègne, Buchenwald…



Jean-Pierre Després, et son épouse Emma Le Gall,

Les investigations de la famille ont finalement permis d’en savoir plus sur la période précédant son départ pour Buchenwald. « On a retrouvé sa trace en 1943, à Perpignan. Il a travaillé pour la Résistance en fabriquant de fausses cartes d’alimentation. Il a été arrêté le 11 mars 43 et a fait deux mois de citadelle à Perpignan. Le 12 novembre 1943, il a été de nouveau arrêté avec une fausse carte d’identité et conduit à Montpellier, siège de la Gestapo. Considéré comme réfractaire au STO, il a été emprisonné à Compiègne. Un mois plus tard, il prenait la direction de Buchenwald où il fut enregistré sous le matricule 38393. « Il y a deux ans, M. Després a débuté les démarches pour que le nom de Jean Stéphan figure sur la stèle de la Place de la Résistance. Un vœu rendu possible depuis qu’il a été reconnu « Mort pour la France » par le ministère de la Défense.

Message lu par Jean-Pierre Després le 29 avril 2018


38393, qu'elles ont été tes souffrances, tes doutes, tes angoisses, tes fugaces espoirs au gré des rumeurs bien vite démenties par les "on-dit" d'une aspiration légitime à la liberté ?

38393, tu as connu la faim, la soif, le froid. Peut-être as-tu croisé Léon BLUM, DESNOS, MICHELIN, DASSAULTet tant d'autres où la promiscuité s'appelait fraternité face à la bête nazie tapie et tatouée en ces cohortes aux têtes de morts.

On a tant écrit, tant vu, tant entendu sur ce monde carcéral dénué de toute humanité.

38393, tu ne revins jamais en ta demeure que tu quittas le 11 avril 1940. Disparu, volatilisé mais jamais oublié.

C'est lors d'une visite en 2004 au "Yad Vashem" à JERUSALEM que nous t'avons reconnu sur un microfilm et que ta personne nous as  été restituée en ces documents glacials, en ces images inertes, en ces dialogues figés à jamais sur ordre d'un persécuteur, pharaon d'un millénium utopique.

En ce jour du "29 AVRIL 2018", journée de la déportation, les autorités françaises en la personne du Maire de ta commune t'attribue officiellement la mention de "mort pour la France" reconnaissant ainsi 73 ans après ton décès, la légitimité de ton combat jusqu'à ce jour du 23 mars 1945 où tu mourus au camp de déportation d'ELRICH

Ta maman ne te revit jamais !

Les membres de ta famille présents en ce jour attestent moralement de ton retour. A leur deuil s'est substitué un respect teinté d'une certaine fierté pour celui que l'on appelait "TONTON JEAN".

A JAMAIS RECONNAISSANCE TE SOIT RENDUE


NB :Le nom de  René Carer un autre résistant scaërois méconnu,  sera-t-il bientôt gravé sur la plaque  de la place de la Résistance ?