Cascadec avant guerre


En parcourant les archives familiales, une lectrice a retrouvé un document exceptionnel relatif aux « papeteries René Bolloré ». Il s'agit de la convention collective du personnel ouvrier des usines d'Odet et de Cascadec, signée le 28 mars 1939, à une époque où l'usine employait un bon millier d'ouvriers.

La papeterie Bolloré avant guerre.

 
 

Évacuation fin 1938

 
En 1936, des grèves éclatèrent pour réclamer la « retraite pour les vieux et du travail pour les jeunes ». Le mouvement ouvrier se poursuivit les années suivantes : en février 1937 et en novembre 1938, suite à un début d'occupation d'usine, la direction de l'établissement et le préfet décident l'évacuation et la fermeture de l'usine. La convention collective de 1939 règle les rapports entre la direction des papeteries René Bolloré et les ouvriers d'Odet-Cascadec. Issues des accords de Matignon de 1936, les conventions collectives complètent le code du travail. Celle-ci sera signée par le Syndicat du papier carton et partis similaires (CGT). Les syndicats professionnels des papetiers et assimilés (CFTC) y adhéreront par la suite.

Les congés payés... pendant les vacances scolaires !


Le document Bolloré aborde surtout les questions d'embauche (source du conflit en 1938), les délégués du personnel, l'apprentissage... Un article est même consacré au « délai-congé », expression aujourd'hui remplacée par « préavis ». La durée légale du travail (40 heures par semaine) est précisée, ainsi que les congés payés « qui concorderont autant que possible avec les vacances scolaires ».

Une centaine de métiers


Un document annexe détaille les rémunérations qui se faisaient « à l'heure, au rendement, ou aux pièces ». Ce barème des salaires détaille une centaine de postes avec des attributions différentes : il y a des emplois spécifiques à l'entreprise, postes qui fabriquaient des cahiers de papiers à cigarettes OCB (Odet-Cascadec-Bolloré) : défileurs, raffineurs gommeurs, enchevêtreuses, délisseuses, sécheurs, raffineurs, chiffonniers, presse-pâte... Et aussi des emplois des services généraux : électriciens, maçons, peintres, charretiers, balayeuses... À la chaufferie, il y avait des « rouleurs de charbons », au bobinage des « coucheurs ». Les salaires horaires s'échelonnent de 4,50 F pour les mousses à 8,75 F pour un mécanicien chevronné (1 F de l'époque = 0.47 EUR environ actuellement). Les personnels employés à la fabrication des carnets de papier OCB percevaient un salaire « aux pièces » : 15,84 F le 1.000 pour la mise en cahiers enchevêtrés doubles.


En 1936 lors des défilés dans le bourg de Scaër, on remarquait une forte concentration d'ouvriers grévistes de Cascadec. Leur banderole de revendication titrait « Retraite pour les vieux. Travail pour les jeunes ». En février 1937 et en novembre 1938, suite à un début d'occupation d'usine, la direction de l'établissement et le préfet décident l'évacuation et la fermeture de l'usine.

Le défilé de 1936 à Pont-Lédan
et près de l'église