Un mystérieux rectangle entre Payaou et Croix-Sinquin

 En explorant les photos aériennes d'après guerre un mystérieux rectangle apparait sur un terrain entre le carrefour de Payaou menant vers Créménet et le giratoire de Crickhowell à Croix Sinquin ( quartier de Stang-Audren). Il est visible sur la photo pris en 1948 mais a disparu en 1952.Il n'était visible pas sur l'ancien cadastre de 1828, ni sur le brouillon  de rénovation du cadastre de 1967, ni a fortiori sur le cadastre actuel. Bizarre, Bizarre.

Ce mystérieux rectangle sur la photo aérienne IGN de 1948 représenterait l'emplacement d'une fosse creusée sous l'occupation allemande. On y accédait par un chemin de terre partant de la vieille route de Payaou à Croix-Sinquin devenue aujourd'hui la rue Christophe Morvan. La " Rocade", rue D. Granet a été réalisée depuis cette époque sous la rue C. Morvan (photo colorisée par IA)

 On pourrait penser à une division de ce champ pour créer un potager. Que nenni ! C'est Roger un Scaërois né en 1933,. qui nous a donné la clé la clé de cette énigme. «Durant l'occupation allemande, en 1942 les jeunes Scaërois étaient " réquisitionnés" pour  travailler sur place dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (STO) encadrés par un sergent allemand ainsi que quelques Scaërois plus âgés qui n'avaient pas été mobilisés en 39. Ils étaient une quarantaine. Un des objectifs  était que ces jeunes gens de 20 ans ne prennent pas le maquis pour rejoindre les Résistants».



Cette photo semble avoir été prise en bordure de la tranchée près du talus au début de1943 : Il n'y a plus de feuilles dans les arbres. Il n'y a plus d'outils: peut-être la fin du chantier ?
Au premier rang : Gustave Deloraine (derrière la caisse de vin),Marcel Boucher (allongé, goal des Gournerien); Navellou, Marcel Bourhis, Guillerm. Jean Lidec.
2e rang : Bourriquen (pull blanc),Pierre Lessard , Lili Henvic de Stang Audren.
3e rang : Floch et Guérer (haut de la grande rue). Au centre avec une casquette le sergent allemand.
4e rang : Youenn Gwernig (18 ans à l'époque,  4e à partir de la gauche). Quiniou, Guillerm sabotier de la rue Curie rentrée de Etats Unis en 1939). Moysan (bistrot de Stang-Audren).
 Il y a aussi 3 gamins "qui font peut-être l'école buissonnière"




Au verso de la photo , il y a la mention de l'année 1943, le nom de la parcelle  : "Cercoen Parque" sans doute pour "Kerguen parc"
et l'inscription  glaçante : équipe réquisitionnée pour creuser les charniers


On ne saura jamais la vérité.

Ces jeunes Scaërois furent occupés à creuser une tranchée mesurant approximativement  40 mètres de long sur 10 mètres de large entre Payaou et Croix-Sinquin . «Je pense, qu'elle avait été  rapidement rebouchée. Même, mon beau-père, qui pourtant était voisin, n'en parlait pas. A la Libération il est vrai, on ne pouvait en parler. En fait, étant donné la dimension de "l'ouvrage" et la présence du sergent allemand, le bruit circulait aussi qu'il s'agissait peut être d'une future fosse commune. On ne saura jamais la vérité.»


Ce mystérieux rectangle n'est pas une parcelle distincte sur le cadastre de 1828


ni une division de la parcelle 107 sur le plan de 1967


 Il est évident que le fait de creuser cette grande excavation  avait aussi pour but de tempérer l'ardeur de ceux qui s'en prenaient à l'armée d'occupation. Vu son emplacement, il ne pouvait pas  s'agir d'un fossé antichar, mais cette tranchée aurait pu devenir une fosse commune  si l'occupant  avait  exécuté soit des otages, soit des "terroristes"  comme représailles à des actions de la Résistance.

Cette fosse n'a jamais servi mais des Résistants ont été fusillés à Penmarc'h, Port-Louis et leur corps jetés dans une fosse commune de ce type. Après guerre, cette fosse a été rebouchée mais son empreinte a subsisté plusieurs années sur la parcelle qui correspond aujourd'hui à l'ancien cabinet médical du Dr Lemay.

 


Ce rectangle énigmatique n'est plus visible sur le photo aérienne de 1952



La croix indique l'emplacement de cette fosse sur le cadastre actuel

Cette fosse avait donc surtout un  impact psychologique  sur la population locale … tout comme la chambre à gaz que Louis M... déclare avoir été créée dans le sous-sol de la maison d'Henri Burel, photographe, rue Emile Zola. 

La Corvée des tranchées

A la fin d'un article du Figaro magazine du samedi 1er octobre 1994 , rédigé par André Amouroux " Aux excès succède une justice plus sereine", figure deux témoignages de lecteur. Un Scaërois non identifié, dont l'oncle était marchand de vin, évoque ses souvenirs de tranchées creusées après le Débarquement du 6  juin 1944. Peut-être pour contrer le passage des chars de la VIe armée américaine se dirigeant vers Brest ? 

Le fait de mentionner Stang-Audren fait naître un doute sur  la date de "cette corvée de tranchées": s'agit-il ou non de la même tranchée mentionnée  ci-dessus et datée de 1943. Curieusement, les témoignages de Résistants sur ces travaux sont inexistants.


Un récit cocasse sans rapport avec la tranchée de 1943

Cet article demande a être complété par d'autres témoignages.


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