Francis Quévélec. En temps de guerre, un interprète prend des risques

 Francis Quévélec (connu également sous le nom de Francis Quéffélec) était le fils d’un commerçant de Toyal en Scaër. Il avait épousé Henriette, la fille du boulanger Emile Merdy, qui avait son fournil au bas de la rue Voltaire.

L’histoire n’est pas si simple qu’on le croit

 
 Francis Quévelec était transporteur et tenait le café place de la mairie (devenu le Kreiz -Skr tout récemment).  Il parlait très bien l’allemand et s’était lié d’amitié avec un interprète de l'armée allemande occupant la commune. On le soupçonnait d’être un « collabo » voire un agent de la Gestapo selon un témoignage officiel  écrit par un responsable de la Résistance locale après-guerre. 

« Mais pas du tout » selon A... un Scaërois qui a connu cette époque. Louis, un autre témoin ajoute : « L’histoire n’est pas si simple qu’on le croit. Il s’est racheté en rendant beaucoup de services. Dans son café, il a surpris une conversation dans son café entre deux agents de la Gestapo qui ne savait pas   qu’il comprenait l’allemand. Ces deux agents ont évoqué une opération prévue pour arrêter Christophe Moal. Quévélec a pu avertir ce dernier pour qu’il se cache


Le café Quévélec est à droite sur cette photo d'avant-guerre


Photo des années 50, avec vraisemblablement un car l'Haridon


Il servait d’interprète à Louis Monfort maire pour communiquer avec les officiers allemands. Louis témoigne : « Les interprètes allemands ne traduisaient pas toujours bien. Louis Monfort a communiqué une information à un officier allemand qui s’est emporté en écoutant la traduction de son interprète. Cet officier est revenu à de meilleurs sentiments quand il a écouté la traduction faite par  Quévélec » . Une autre anecdote raconte que, lors d'un contrôle de pièces d’identité, en dialoguant avec les feldgendarmes, M. Quévélec aurait évité des ennuis aux passagers d'un car se rendant à Quimper.

Le Petit Berlinois 

Collabo pour les uns, intègre pour les autres : avait-il quelque chose à se reprocher ou pas ? "Il semble que les choses n´étaient ni vraiment noires ni totalement blanches...  il a eu une position que l´on pourrait qualifier d´ambivalente" selon  sa petite-fille.

 Toujours est-il qu'un article du " Petit Parisien" daté du 5 janvier 1944 annonce que « quatre malfaiteurs armés ont pénétré chez M. Queffelec, débitant au bourg de Scaër et lui ont réclamé de l’argent. M. Queffelec ayant refusé, l’un des bandits lui a tiré une balle dans le dos. Les autres individus ont fouillé la maison et emporté de l’argent et du linge ». M. Quévélec-Quéféllec décédera le 6 janvier selon le registre des décès de la commune de Scaër. Les faits se seraient déroulés le 2 janvier 44

L'article du Petit Parisien ( source BNF Gallica)

 


C’est la version officielle d’un faits divers qui cache une autre version .Explication :  "En 1941,les locaux du journal furent sont confisqués par les Allemands. Le Petit Parisien continue de paraître, mais n'a plus rien à voir avec ce qu'il était auparavant. Il devient un journal de propagande nazie, et est géré par d'autres journalistes, venus de différents journaux. Un ancien collaborateur du Petit Parisien dira :  Ce n'était plus le Petit Parisien, mais le Petit Berlinois ! "( Source : Wikipédia)

A...le témoin qui se souvient très bien de cette époque, a une autre version  :« Il a été tué par des résistants dans son café devant sa femme qui tenait leur petite fille dans ses bras par un gars venu de Douarnenez». Dans son blog , Yves Mervin cite même les noms des exécutants.

"Il est bon d´établir les faits de manière impartiale et de vouloir apporter de la nuance à cette période des règlements de compte, qui a été particulièrement brutale et honteuse. Quant à rétablir « la » vérité, cela semble aujourd’hui impossible. On peut en revanche en tirer des leçons – c´est le plus important" conclut sa petite-fille.

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Henriette « Yette » sa veuve épousera Jean l’Haridon en 1946 .Le couple continuera  l’exploitation du café de la place de la mairie et développera l’entreprise de transports . Leur fils Yann reprendra ensuite la gestion du Central-Bar.  L'entreprise de Transports dont le garage était située place V. Hugo, à droite de la mairie fut reprise par M. Richard . Jo Bordier puis Jouanneau, puis  Bretagne Sud Autocar  ont poursuivi ensuite l'activité autocariste.

Pour en savoir plus : Site de la famille Quévélec- Queffelec

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