Les Marzin : quatre générations de coiffeurs


Au mois d’août 1978, Dédé Marzin le plus ancien « Figaro » de Scaër, nous avait conté son histoire et  présenté son activité. Retour sur ces souvenirs.

Quatre générations de coiffeurs

« Je suis coiffeur depuis l'âge de 16 ans. J'ai suivi l'école de coiffure de Paris tout de suite après la guerre. Je suis resté un an à Paris et en 1947, j'étais à Scaër avec ma mère qui était aussi coiffeuse. Mon grand-père était coiffeur à Briec, ma grand-mère aussi. Mon père et ma mère maniaient aussi le ciseau. Moi. Je fais coiffeur pour hommes et ma femme a un salon pour dames. Ma fille est coiffeuse à Nantes. Cela fait quatre générations ».
En 1947, trois autres coiffeurs travaillaient à Scaër : MM. Boédec, Sizorn et Roger Galant . Ce qui se faisait alors, c'était la coupe classique « tour d'oreille ». Les clients revenaient chez le coiffeur trois semaines plus tard : « Les gens passaient chez le coiffeur au moins six fois par an. Aujourd'hui, ceux qui viennent tous les mois sont rares ».
Pendant longtemps, le coiffeur joua aussi le rôle de barbier : « Le samedi, c'était le jour des barbes. Il y en a qui venaient au bourg avec des barbes de quinze jours. Aujourd'hui, c'est rare que l'on ait à raser des barbes et quand cela se produit, c'est souvent un voyageur qui a oublié son rasoir.

André Marzin s'était établi à Scaër en 1947

Un spécialiste du cheveu en brosse

Les années 50  fut pour lui  une bonne période pour les coiffeurs car les cheveux n’étaient pas longs. C'est encore l'époque de la vogue des cheveux en brosse :« C'est la coupe la plus dure : il faut un cheveu qui tienne droit. Tous les cheveux ne s'adaptent pas à la brosse. Il y a aussi des cheveux qu'il n'y a pas moyen de coiffer d'une autre façon ».
Il y a eu aussi l'époque des cheveux « en boule » : coupe arrêtée au rasoir dans la nuque, cheveux longs sur le dessus. Au début des années 60, la vogue des Beatles imposa la coiffure aux cheveux longs : « Une catastrophe pour le métier . Il est curieux de constater l'impact qu'ont certaines vedettes sur la mode capillaire ». Les cheveux longs sont-ils, plus sales ? «Pas nécessairement, ils sont plus poussiéreux mais les gens prennent plus de shampooings qu'autrefois».

Dans les années 70,  on  revint à une mode où les cheveux étaient courts sur le dessus et plus longs sur la nuque : « On suit la mode parisienne avec un an de décalage ».



Éliane Marzin, prit sa retraite en 1988. Ensuite, elle participa activement à l'animation de l'Ehpad

Le salon de coiffure Marzin, rue de Kernabat a toujours son enseigne de cosmétiques

Modeler un visage

M. Marzin qui connaissait le métier depuis de nombreuses années remarquait que les clients sont plus exigeants, demandaient un travail plus soigné. « Les gens savent ce qu'ils veulent, ils l'expliquent au coiffeur et à lui de définir son travail. Le coiffeur, c'est aussi un visagiste. A lui de combiner une coiffure en fonction d'un visage, Ce n'est plus simplement un coupeur de cheveux, il harmonise aussi un visage ».
Le coiffeur constatait encore qu'avec l'âge, on change de coiffure, on se met plus à l'aise avec sa physionomie présente : les cheveux longs deviennent courts : « Ceux qui gardent des cheveux longs c'est parfois pour se donner un genre ».
Le métier avait des jours avec peu de clients : "on attend un client durant toute l'après-midi et parfois cela se bouscule, mais les clients n'aiment plus attendre. Durant la semaine, le jeudi est un jour creux, mais le vendredi et le samedi l'attente est plus longue".
En attendant de passer entre les doigts experts de M. Marzin, les clients causaient entre eux de sport, de chasse, de pêche : « C'est au coiffeur de créer parfois la conversation ». Ceci n'est pas  à négliger car venir chez le coiffeur est considéré comme un moment de détente par certaines personnes (plus par les dames il est vrai).

L'évolution des lotions

Le matériel du coiffeur homme a un peu changé : tondeuse électrique pour dégrossir, ciseau sculpteur, rasoir pour le finissage. Dans le domaine des lotions capillaires, les produits sont plus neutres, moins parfumés que par le passé : « Autrefois, c'était de l'alcool plus un parfum. Maintenant, c'est un produit plus technique pour lutter par exemple contre les pellicules, pour soigner le cheveu. On n'aime plus beaucoup les parfums lourds ».
Le métier avait aussi ses problèmes : « On ne trouve plus d'ouvriers pour la coiffure homme. Même les jeunes gens préfèrent se tourner vers la coiffure dame. Cette année, il n'y avait que sept à passer le brevet professionnel de la spécialité. De plus les charges importantes freinent encore un coiffeur quand il souhaite engager un employé.».

Additif 

Sandrine Pensec, 11/12/2021: "On pourrait rajouter une 5eme génération puisque ma sœur Élodie à suivi le chemin elle aussi"

 

Retour