Intercommunalité: Une intégration laborieuse

Sous l’ancien régime, la paroisse de Scaër était attachée aux sénéchaussées de Concarneau et Gourin. Lors de la création des départements en 1790, Scaër devint une commune, un chef-lieu d’un canton comprenant Querrien et Saint-Thurien et fit partie de l’arrondissement de Quimperlé créé en 1800. Lors de la dissolution de cet arrondissement en 1926, Scaër fut rattachée à l’arrondissement de Quimper.
La loi du 06.02.92 créa les communautés de communes. Ce nouvel établissement public devait être l'équivalent, en zone rurale, des districts ou des communautés urbaines. Il devait se différencier des syndicats intercommunaux par leur objectif, leurs moyens financiers. En simplifiant, une communauté de communs peut de définir ainsi : « Un territoire pour un projet ». Ces nouveaux établissements public devaient se mettre en place pour la fin 1993 mais il fallut plusieurs années pour que Scaër y intègrent l'un d'entre eux. Pour notre commune le choix ne fut pas évident...

Aujourd'hui , Scaër est rattaché à Quimperlé communauté (plan : site de QC)



Avant la Révolution, Scaër dépendait de la sénéchaussée de Concarneau( http://histoiresdeserieb.free.fr/limites_senechaussee.html)

Personne ne nous attend ni ne viendra vers nous

Au préalable les communes étaient invitées à réfléchir et émettre des souhaits. Pour certaines communes, pas de dilemme : en fait, elles font déjà partie d'un « Pays » par l'attraction naturelle d'une petite métropole, comme Quimperlé ou Concarneau. Pour Scaër, « le schéma est plus compliqué » selon M.Aguitton, ( Portes de Cornouaille) qui vient présenter le projet aux élus locaux. Fallait-il dans le sud-est du département accepter l'idée de deux communautés de communes axées sur Quimperlé et Concarneau ? Envisager une entité rurale exclusivement ? Envisager une complémentarité avec des communes du littoral ? Autant de questions sans réponses évidentes. Le souhait du maire de l’époque  François Bleuzen,  était de voir se regrouper Scaër, Guiscriff, Bannalec, Saint-Thurien, Le Trévoux et le canton de Pont-Aven. M. Nicolas, conseiller général socialiste, voyait plutôt un rattachement avec Quimperlé, M. Kernéis (PCF) penchait vers Concarneau. Point commun entre les trois pistes de recherche : la voie express. Toutes les tendances s'accordent pour faire observer qu'il fallait trouver la solution qui permettra d'envisager le meilleur développement économique pour notre commune avec, pour corollaire, une amélioration de l'aménagement de l'espace.
Les élus émettront souvent des avis convergents, sans trouver de solution évidente, M. Nicolas : « Personne ne nous attend naturellement », M. Kernéis ajoutait « Personne ne viendra vers nous ». Avec réalisme, on constata que Scaër, du fait de sa situation géographique, ne faisait pas partie naturellement des espaces économiques porteurs d'avenir. La solidarité d'une communauté de communes permettra-t-elle de remédier à ce handicap afin d'envisager un avenir plus serein. Il y eut néanmoins un consensus sur cette donnée de base : l'objectif premier doit être le développement économique.
Les élus firent part aussi de quelques réticences ; tout d'abord, il y a crainte « de se faire bouffer » par une métropole, le risque de voir la population migrer vers les villes phares, la constatation que la « pure ruralité » apporterait plus d'inconvénients que d'avantages...
 En d'autres temps, Scaër constituait une « principauté » autonome relativement prospère, du fait de son agriculture et de la puissance de Bolloré. Elle aurait pu être la locomotive naturelle d'une association de communes. Mais à la fin du XXe siècle, il lui faut trouver des prétendants pas évidemment attirés par une « fiancée », non pas décrépite, mais un peu défraîchie quand même du fait de de la baisse de la natalité (moins d’agriculteurs et moins d’enfants par famille), de la fermeture progressive des usines agro-alimentaires (Larzul, Chancerelle, Corler...) et de l’exode des jeunes.

Avec près de 8000 habitants en 1946, Scaër fut un pôle d'attraction rivalisant presque avec Quimperlé (doc Insee)


Plusieurs pistes explorées

Comme aucun regroupement ne paraissait s'imposer d'emblée, le conseil demanda au maire d'explorer plusieurs pistes : Association Guiscriff-Scaër-Bannalec-Saint-Thurien-Le Trévoux, canton de Pont-Aven, Association avec Rosporden (avec influence concarnoise), association avec Quimperlé.
Dans une lettre ouverte publiée en décembre 1993, François Bleuzen motiva sa préférence pour un regroupement des quatre communes de Scaër, Rosporden, Elliant et Tourc'h.
« Dès cet été, j'ai ouvert un débat sur ce sujet en rappelant mes démarches initiales vers le Morbihan. Puis les élus ont été conviés à diverses réunions, tant à Scaër qu'à Elliant et Guiscriff. Nous nous sommes ensuite orientés vers un périmètre axé sur Rosporden, Concarneau. Lors de la réunion des maires et élus, tenus à Rosporden, le 7 septembre 1993, les maires de Tourc'h, Elliant et Scaër penchaient pour une communauté à quatre (avec Rosporden), afin de pouvoir mieux adapter les transferts de charges des communes adhérentes vers la structure intercommunale nouvelle, leur préférence allant vers un dispositif garantissant le maintien de la fiscalité au niveau actuel.
Le   15   octobre, une nouvelle réunion s'est tenue à Scaër avec tous les maires de l’ouest  du pays des Portes de Cornouaille; le choix de l'intercommunalité à quatre a de nouveau été maintenu par les maires d'Elliant, Tourc'h et Scaër avec, en optique, un développement économique rationnel par l'aménagement de l'espace dans une ruralité de fait
».
 Lors du conseil municipal du 28 octobre dernier, poursuit M. Bleuzen, j'ai présenté un compte-rendu de la réunion du 15 octobre à Scaër. À la demande de l'opposition, j'acceptais de prendre contact avec M. Savin, maire de Quimperlé : le 1er décembre, nous avons échangé nos points de vue sur les différentes possibilités de communautés de communes. S'il est vrai que M. Savin reste ouvert à d'autres rattachements de communes à la communauté de Quimperlé, il est aussi vrai qu'il n'avait pas cru opportun d'inviter Scaër aux premières réunions sur l'intercommunalité, pensant à une possible communauté de communes de l'intérieur. Ajoutons que Quimperlé est rattaché au bassin d'emploi de Lorient alors que Scaër est rattachée à celui de Quimper ».
« Le conseil municipal du 3 décembre 1993 a pris la décision d'option pour la communauté à quatre ; la procédure doit donc être engagée dans ce sens ». F. Bleuzen ajoutait : « que l'on ne nous dise pas que la chose soit « irréalisable » ou « irréaliste »; ce n'est qu'une fois la « liste des communes intéressées » fixée par arrêté, que chaque commune est invitée par le préfet à délibérer pour se prononcer sur la création de la communauté envisagée. Les communes ne pourront d'ailleurs se prononcer qu'au vu d'un projet de statuts précisant les compétences choisies ».
« Le choix du conseil municipal (et le mien, bien sûr), est motivé par la création d'une communauté à taille humaine : Rosporden, Elliant, Tourc'h et Scaër représentent 15.726 habitants sur 26.495   hectares .Nos quatre communes se trouvent dans un contexte à forte entité rurale tournée vers l'agroalimentaire ce qui devrait nous permettre une intégration fiscale importante et par là même, une meilleure participation des financements de l'État par la GDE (dotation globale de fonctionnement) et la DDR (dotation de développement rural pour les communautés de moins de 35.000 habitants) ».
M. Bleuzen concluait ainsi: « je pense très   sincèrement   défendre au mieux   les   intérêts   de ma commune de Scaër, en dehors de toute politique   politicienne. Comme l'a exprimé le maire d'Elliant, une communauté avec   Concarneau   ne pourrait s'envisager   que   dans   un deuxième   temps   lorsque nous serons certains que le choix des compétences ne conduise pas à une accélération du mouvement naturel de population, de l'intérieur vers la mer. Mon souci est d’éviter la   désertification   des communes de l'intérieur et celle de Scaër, en particulier ».

 

Scaër rejoint la Cocopaq en décembre 1996

 

Scaër a fait partie de l'arrondissement de Quimperlé jusqu'en 1926 avant d'être intégrée à celui de Quimper


Le Pays de Lorient: notre commune est la plus éloignée de sa métropole

  La communauté de communes du pays de Quimperlé (Cocopaq) fut créée le 28 décembre 1993, par arrêté préfectoral. Elle comptait alors 25 500 habitants et regroupait 9 communes : Arzano, Baye, Bannalec, Locunolé, Mellac, Quimperlé, Saint-Thurien, Tréméven et Le Trévoux. Rosporden, Elliant et Tourc’h rejoignirent la communauté de communes de Concarneau Cornouaille en juin 1994. Guiscriff a rejoint la communauté de communes du pays du Roi Morvan. Il fallut attendre le 23 décembre 1996, Scaër adhère à la Cocopaq .

Le 1er janvier 2016, la communauté de communes du pays de Quimperlé se transforme en une communauté d'agglomération et en profite pour changer de dénomination pour devenir Quimperlé Communauté. Le 1er janvier 2018, Quimperlé Communauté quitte le pays de Cornouaille pour se rattacher au pays de Lorient.
Ballotés entre Armor et l’Argoat, toujours placés en haut des cartes de regroupement de paroisses ou communes, " Le cul entre deux chaises", une partie des Scaërois a parfois l’impression, à tort ou à raison, d’être moins favorisés que la zone littorale.

Retour