Le moteur à eau de Bernard Le Cras


Après avoir exploité un garage automobile aux Quatre-vents, le Guiscrivite Bernard Le Cras a poursuivi sa carrière dans l'entreprise de manutention de Jo Dorner. Il entretenait avec d'autres passionnés, la collection de tracteurs anciens et les vieux moteurs diesel et poursuivait ses recherches sur les moteurs fonctionnant avec un mélange gazole- vapeur d’eau. Son objectif : réduire la consommation de carburant et les émissions de gaz. « Avec 15 % d'eau, on arrive à diminuer la consommation et à dépolluer le moteur », assurait l'inventeur.

Jusqu'à 36 % d'économie


 Bernard Le Cras avait développé à partir de 2005 un système qui, à la sortie du moteur, captait la chaleur des gaz d'échappement pour transformer de l'eau en vapeur. Celle-ci était ensuite injectée dans le moteur, associée au carburant.
"La vapeur d'eau est produite par un générateur de vapeur et excitée par un catalyseur. Elle est injectée dans les tubulures d'admission en plus du gazole…. Ce moteur consomme normalement deux litres de carburant à l’heure :  avec mon dispositif, on descend à 1,8 l/heure".
Après une phase d'expérimentation sur un moteur Ruston, ce générateur de vapeur a été monté sur une voiture qui a déjà parcouru 20.000 km : « Sur voie express, à 110 km/h, j'arrive à 17 % d'économie. À 90 km/h, on atteint 23,5 %. Quand il fait chaud, on peut même atteindre 36 % d'économie », expliquait l’inventeur.

Le moteur Ruston. Sur l'escabeau : l'éprouvette contenant du gazole. Bernard montre l'éprouvette contenant de l'eau
L'essai sur le moteur Baudoin.De gauche à droite : Gilbert Le Mao, Jo Dorner et Bernard Le Cras. À l'arrière-plan, le catalyseur-générateur de vapeur enserre le tuyau d'échappement du moteur de bateau.

Expérience en mer


En 2008 après ces essais, Bernard Le Cras avait adapté le dispositif sur un moteur de bateau Baudoin de 600 cv qui leur avait été prêté par Éric Prével, patron pêcheur. « C'est le 42e  prototype que je fais... Jo Dorner, ancien patron d'une entreprise de manutention, assure la logistique, Gilbert Le Mao, chaudronnier de formation, a réalisé le prototype ». Les premières expériences furent faites à terre, mais le moteur ne chauffait pas assez car il ne fonctionnait pas dans des conditions réelles d'exploitation. « Au mois de décembre, on va tester le même moteur dopé à la vapeur d'eau sur le chalutier rochelais Monica II, entre La Rochelle et Lorient, expliquait Bernard Le Cras. En mer, la température des gaz d'échappement montera jusqu'à 400°. L'idéal pour procéder à divers réglages durant 14 heures de mer, afin de trouver les bons paramètres de température et de mélange vapeur-carburant ».
L'ingénieux mécanicien poursuivait : « Un moteur de bateau consomme entre 72 et 90 litres à l'heure. L'objectif est d'arriver à réduire cette consommation de 15 %. S'il faut 30 m³ pour une marée, 4 ou 5 m³ en moins, ça commence à compter ! ». La société rennaise Avel-Vor Technologie, qui s'intéressait aussi aux économies d'énergie sur les bateaux, suivait de près ces expériences  en vue de réalisations pratiques attendues par les professionnels de la mer.
L'inventeur  fut en contact avec l'institut rural d'Elliant pour une adaptation pratique sur les moteurs d'engins agricoles ou de TP, ainsi qu'avec un bureau d'études rennais pour des tests d'analyse.

Quelle suite a été donnée à cette expérimentation ?

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