Tren Karaez

La gare en 1996 ( photo A. Troadec)


Le 2 août 1896, le train inaugural dans lequel avait pris place le président de la République roulait pour la première fois entre Rosporden et Carhaix. Le 31 juillet 1967, une locomotive (à vapeur) s’arrêtait en gare de Scaër pour la dernière fois. Le fameux réseau à voie métrique, rayonnant autour de Carhaix, avait vécu. Aujourd’hui, les rails ont été enlevés, et une promenade pour piétons et cyclistes conserve à l’emprise de l’ancienne voie ferrée la vocation d ’axe de circulation. Un ancien cheminot scaërois, René Guillou,  évoquait en 1977, avec un brin de nostalgie, ce que fut le « Tren-Karaez » 

Article du Télégramme du 24 août 1977. Cliquez dessus pour l'agrandir




L’heure de la soupe


Que de souvenirs le « marc’h-du » n’a-t-il pas fixé dans la mémoire des anciens. D’abord, la gare: « Elle comportait un bâtiment principal, avec une salle d’attente, une guérite entre les voies pour abriter les voyageurs . Une halle servait à entreposer les colis des voyageurs. » La voie ferrée se divisait en trois branches en arrivant à la gare: la voie principale , où est la voie piétonne actuelle; la voie de la halle ; et la voie dite « de débord » qui longeait les bâtiments des Ets Croissant, négociant en produits agricoles. Une grue, une bascule à wagons,un pont tournant pour changer de sens aux wagons, un château d’eau complétaient les installations scaëroises du « réseau breton »

Chaque jour, quatre trains empruntait la voie large de 1,05 m. La micheline diesel devint familière à partir des années 50. Pour les agriculteurs qui travaillaient dans les champs, la locomotive servait de montre et de baromètre. « On savait à quelle heure précise la locomotive franchissait le passage de Kerninon, il était 11 h et quart. Il fallait commencer à s’approcher de la maison pour le repas. Suivant la puissance du sifflet, on savait si le temps allait changer ou pas « .

Les voyageurs en voiture


Celui qui a voyagé en autorail sur la voie métrique se rappelle toujours le déhanchement inquiétant de la machine. Le passager du train mixte voyageurs-marchandises se remémore les wagons de 3e en bois. Quand on supprima la 3e classe, on effacera le 3 pour le remplacer par un 2 , mais rien d’autre ne changea; les sièges en bois, le poêle à bois protégé par une grille, les vitres comme celles des diligences, le marche pied à l’arrière comme dans les trains du Far-west. Les voyageurs hardis se penchant par les fenêtre recevaient dans les yeux les escarbilles et la fumée. « Scaër, 5 minutes d ’arrêt »: le temps pour le mécano de refaire le plein d’eau, et voilà la machine qui repart , crachotante,vers Stang Audren.

Le trafic de marchandises

 train en gare de Scaër
La gare était équipée d'une grue

Une bonne partie du tonnage de marchandises en partance de Scaër était constituée de pommes de terre. Avant la guerre, on chargeait aussi des billes de bois à Coat-Loch. La gare de Scaër recevait des engrais en sac, de la pâte à papier. En gare de Rosporden , il fallait transborder le contenu des wagons de la grande ligne dans ceux de la voie métrique . Le développement des transports routiers sonnera le glas du tren-karaez: les marchandises seront chargées directement du wagon de la voie normale pour être acheminées vers la ferme ou la coopérative.



A une certaine époque, les wagons transportaient aussi du charbon destinée à la papeterie de Cascadec. Avant la guerre 14, un projet prévoyait de prolonger la ligne vers cette usine. Deux tracés étaient étudiés :

- par Créménet et la vallée de l’Isole, 

-par Kerninon, Kerlavarec et Neuziou. Le terrain où a été bâtie l’usine Corler (malterie en 2020) , en face de la gare ,a d’ailleurs appartenu à Bolloré.





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