Le passage des Américains

Le 5 août 1944, les troupes américaines arrivent à Scaër les bras chargés de bonbons et de cigarettes. Retour sur cet épisode de la Libération. Selon un document rédigé par un témoin de l'époque, c'est dans la nuit du 2 au 3 août 1944 que les troupes d'occupation allemandes quittèrent le château de la famille de Kerjégu (site de l'Ehpad actuel). Discrètement, pour ne pas avoir d'accrochages avec les 1.500 résistants présents à proximité, ils longèrent la voie ferrée, (la voie verte n° 7 actuellement) de Payaou jusqu'à Miné-Rulan ou Drolou. Ils ne furent pas repérés et ce n'est que le 4 août que les résistants investirent le bourg. En provenance de Gourin, des éléments du 86e escadron de reconnaissance de la 6e division blindée américaine,(86th Cavalry Reconnaissance Squadron Mecanized), arrivėrent le samedi 5 août, l'essentiel des troupes passant par l'axe Loudéac-Carhaix pour se diriger vers Brest. La 6e division blindée était l'une des divisions de la Troisième armée du général George S. Patton pendant la Seconde Guerre mondiale en Europe.

Blindés légers et Jeeps ont fait un crochet vers Scaër

 Chewing-gums et cigarettes

Les troupes allemandes occupaient ce château ( Carte Cim)

 

Soaïk Beux accueillit l'escadron de reconnaissance à Pont-Lédan. Charles Le Gall, de la rue de Kerjégu, qui avait 15 ans à l'époque, se souvient de leur passage et de l'atmosphère de liesse de cette journée : « Il y avait des blindés légers, des Jeeps. Ils ont passé par l'hôtel de ville et par le château où était la Kommandantur allemande. Après, ils ont tourné au pied de l'église, dans l'actuelle rue de Kerjégu, car ils allaient sur Brest. Ils se sont arrêtés, je suis monté dans une Jeep devant chez mes parents. Ils nous donnaient des bonbons, des petits paquets de cigarettes. Ils nous ont quittés vers quatre heures de l'après-midi. C'était l'enthousiasme, la grande fête ».


 
Une Jeep du 86e escadron de reconnaissance


Marcelle Croissant, qui avait 8 ans en 1944, se souvient aussi des Américains distribuant des chewing-gums lors de leur passage.  D'autres témoins ajoutent que le convoi a aussi remonté la rue Jean Jaurès. Yves Gilles assista au passage des Américains   assis sur le mur du lavoir à l'angle des rues Jaurès et Kerjégu
Le 5 août, à 19 h, cet escadron de reconnaissance tombera dans une embuscade à l'entrée de Châteauneuf- du-Faou, sous la chapelle Notre-Dame des Portes.
Le journal de campagne de cet escadron ne fait pas mention de Scaër mais relate cette embuscade du 5 août au soir :"La troupe D, en reconnaissance devant le CCA (*) , se heurta à une forte résistance à huit kilomètres à l'ouest de Châteauneuf et fut contrainte de se replier par Gourin après avoir perdu deux officiers et 21 hommes. Un message reçu par l'escadron à 22 h 05 signala que la troupe était hors de contact avec le CCA et demanda sa localisation. Ont été tués au combat à Châteauneuf : le T5 Ruby A. McKinney, le T5 Anthony J. Pilipaic, le T5 Paul D. Shaver, le T5 Stanley L. Turner, le Cpl. Martin J. Clark, le T5 Donald D. Roehm, le Cpl. Dwight L. Neff, le Cpl. Edward J. Powers, le Cpl. Harold R. Yoder, le Sdt. Chester Galloway, le Sdt. John N. Hall de la troupe D et le Sdt. Hoyt A Cannon de la troupe E. Ils furent ensuite honorés par un mémorial à Châteauneuf-du-Faou".

  Charles Le Gall poursuit : « On a vu les Américains revenir le lendemain. Ce n'étaient plus les mêmes hommes. Après, je pense qu'ils sont repartis vers Coray. Deux copains scaërois, Yannick Jourdan et Jean Ollivo, qui savaient un peu d'anglais, les ont suivis. Ils ont été embauchés comme interprètes dans l'armée américaine ».

Des billets que les Scaërois n'ont pas utilisé



Billet de banque AMGOT recto-verso.Allied Military Government of Occupied Territories
Ce qui signifie: gouvernement militaire d'occupation constitué par des officiers américano-britanniques
 chargés d'administrer les territoires libérés au cours de la Seconde Guerre mondiale.




Les Américains fabriquèrent une série de pièces et de billets de banque, au format et à la couleur identiques à leur dollar, portant non pas « République française », mais la mention « France » entourée de la devise républicaine : Liberté, Égalité, Fraternité. Cette monnaie est dans les bagages lors du débarquement, en Normandie, le 6 juin 1944. Deux jours après, le Gouvernement provisoire de la République française adresse une sévère mise en garde aux deux gouvernements concernés, disant qu' « il ne reconnaît aucune valeur légale aux vignettes qui ont été mises en circulation sans son avis ». Ces billets circulèrent néanmoins en Normandie jusqu'à fin août 44.

(*) Un combat command (CCA ou CCB ou CCC) était une organisation militaire interarmes de la taille d'une brigade ou d'un régiment, employée par les forces blindées 

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