La Foar Yen


Les foires représentaient autrefois en Bretagne un moyen d’échanger ou de vendre les productions des fermes, vivant le plus souvent en autarcie . Le besoin d’acquérir des biens d’équipements manufacturés ou non ont conduit les paysans à produire pour vendre afin d’acheter une charrue, du linge de maison, des armoires cloutés.

De ces foires antiques, la plus importante à Scaër était la « foar-yen »,(foire froide) placée le 23 novembre sur l’almanach des PTT . Récolte faite, les paysans avaient davantage de temps : il pouvait passer la journée entière au bourg, déjeunant dans une des multiples auberges qui émaillaient les abords du champ de foire ou de la Grande rue.
L'actuelle rue Voltaire et son marché aux porcs au début du XXe siècle


Des anciens de la commune nous ont livré un témoignage sur cette « Foar Yen » qui drainait vers Scaër, des gens des communes environnantes : « Il y avait des manèges , des chevaux de bois, les Vagues de l'Océan, le tunnel électriques, les balançoires, le jeu de massacre.., sans oublier les loteries où la roue de la fortune attribuait de si bons nougats et de si bons biscuits ».

La grande rue était occupée par les déballeurs forains. « On entendait le chanteur de rue qui proposait les paroles des refrains en vogue, 15 ou 20 centimes la feuille. L'homme jouait de l'accordéon, et la femme chantait…Il y avait encore le marchand de berlingots. Lui, il venait de Quimperlé. Il s'installait près de chez Pauline. Nous avions deux berlingots pour un sou. Ils étaient si gros qu'ils; remplissaient notre bouche d'enfants. Ces berlingots, c'était notre façon à nous de marquer la foire : notre père nous donnait deux sous pour les acheter » .

Berlingot et réglisse


Parmi les autres stands autrefois d'avant guerre : Jean-Pierre qui vendait des chapelets de réglisse « Rigaliz zu, rigaliz mad, daou wenneg ar vaz! » (Deux sous la barre de bonne réglisse - noire). On vendait encore des almanachs « brezhoneg ha galleg » (français et breton). Dans un passé plus lointain, des marchands proposaient des chemises en toile : c'était souvent pour honorer un vœu qu'on les achetait, l'argent de la vente revenant au clergé.
En 2012, létal de chapeaux et casquettes



La Foar-yen, vestige de la civilisation rurale .



La. Foar Yen, c’était enfin et surtout un marché aux bestiaux les veaux près de l'auberge Kersulec ( ex- Brizeux), les porcs au bas de la place ( rue Voltaire). Peu de chevaux exposés, par contre les poulains de l'année trouvaient vite preneur. « Les agriculteurs avaient parcouru parfois 30 kilomètres pour venir vendre leur bête. C'est que l'on avait besoin d'argent à cette époque de l'année ».


La foar yen en 2004


A cette époque, les enfants avaient classe le samedi toute la journée : les registres des écoles de l’époque signalent l’absence de certains écoliers, les internes surtout qui attendaient avec impatience que leurs parents viennent les chercher pour « Ober un droiad foar », faire un tour à la foire. 

Dans les années 50-60, les concessionnaires de matériel agricole exposaient des tracteurs neufs: les petits gris de Ferguson ou les Renault D22 orange.


Depuis les années 80,il n’y avait plus d’animaux à la Foar-yen, ni de démonstrations de tracteurs d’ailleurs !  Mais la foar-yen est resté néanmoins gravé sur le calendrier des soldeurs, démonstrateurs... qui courent les grands rassemblements populaires dans tout l’Ouest. Jusqu'en 2019, le  samedi le plus proche du  23 novembre, ils se joignaient aux ambulants réguliers sur le marché hebdomadaire afin de donner une animation supplémentaire au Centre-bourg .





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