Famille Demezet de Guiscriff. Un aïeul venu de l'Est

  

Tout un ensemble de traditions caractérisaient les usages matrimoniaux sous l’Ancien Régime,  le choix du fiancé ou de la fiancée était le plus souvent dicté par les parents en recherchant une proximité de condition sociale et de situation géographique. Le choix d’un conjoint originaire du même village , de la même paroisse ou des paroisses environnantes était le plus fréquent. Il était rare que les familles des fiancés demeurent à plus de 50 km l’une de l’autre. Cette étude généalogique de la famille Démézet retrace cette "exogamie", le fait de trouver un conjoint ou une conjointe hors du groupe social, entre deux ascendants originaires de Nizon et de … Thionville ( Moselle).

Assis: Jean Demezet, né en 1938 à Kernével (5e génération )
Debout: Pierre Demezet (1870-1929) , son épouse Hélène Simon (1880-1923) et leurs sept enfants:
Louise, Jean, Marie-Jeanne, Marie-Anne, Pierre, Aline, Hélène
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Le militaire s'éprend de la fille du meunier

Catherine Lozac'hmeur était la fille de Barthélémy Lozac'hmeur (né le 30.01.1673 à Riec) et de Claudine Calvez. Catherine était née le 13.11.1698 à Riec et s'était mariée le 13.06.1718 à Nizon avec Mathieu Melin, meunier (né le 20.06.1702), qui mourut le 17.10.1728.

Né à Thionville (Moselle) le 03.12.1703, Nicolas Limbourg s'était engagé le 20.07.1726 dans le régiment Cossé-Brissac, et devint lieutenant de cavalerie. Le nom Limbourg vient probablement du lieu d'origine de la famille, dont les membres étaient répartis entre Hagondange, Marange, Richemont, Lunéville, Volkrange (plus tard annexée à Thionville) ; c'était un territoire du duché du Luxembourg, qui dépendait du diocèse de Metz. Les Limbourg (Lymbourg) devaient faire partie de la bourgeoisie commerçante. Jean-Henry, père de Nicolas, est précisé bourgeois de la ville et cordonnier-tailleur.

Dans quelles circonstances le régiment Cossé-Brissac est-il arrivé dans la région de Port-Louis pour encadrer les milices garde-côtes chargées de surveiller et de défendre le littoral, en particulier contre les Anglais, qui patrouillaient à peu de distance ?.II est probable que le commandement militaire essayait d'envoyer loin de leur région d'origine les soldats qu'il recrutait, pour éviter une fraternisation avec la population. Dans la nouvelle affectation de Nicolas se trouvait le siège de la Compagnie des Indes. Très vite, le jeune Limbourg s'intéressa au fonctionnement de cette société commerciale très lucrative, et mesura les avantages financiers qu'il pourrait retirer en travaillant pour elle.En quartier d'hiver à Nizon, il rencontra Catherine Lozac'hmeur, dont le mari, meunier, venait de mourir, s'en éprit et décida de l'épouser.

 Il fut obligé de retourner à Thionville pour obtenir son extrait baptistaire et une attestation stipulant "qu'il n'estoit engagé en nulle manière ailleurs". Le mariage eut lieu à Nizon, le 12 juillet 1730. Voici l’acte de mariage signé par  le recteur J.B. Mahé :"L'an de grâce mil sept cent trente et le douze du mois de juillet, après la publication des bans du mariage à contracter entre Nicolas Limbourg fils de feu Henry Limbourg et défunte Anne Gascher de la ville de Thionville évêché de Metz en Lorraine et Catherine Lozachmeur veuve de feu Mathieu Melin de cette paroisse, faites aux prônes de nos grandes messes les vingt-neuf juin, deux et neuf juillet sans oppositions civiles ni canoniques vu le congé militaire dudit Nicolas Limbourg, ci-devant cavalier du régiment de Cosse, son extrait baptismal conforme, je soussigné, Recteur, après avoir interrogé le dit Nicolas Limbourg et Catherine Lozachmeur, les a solennellement mariés par paroles de présans, en présence de François Souffez et de Louis-François Melin, Guillaume Tanguy et autres qui ont signés. Après quoi, j'ai célébré la Sainte Messe. Ont signé : Nicolas Limbourg, F. Souffes, L.F. Mellin, Gabriel Le Villain."

L'acte de mariage


Minotier, Marchand de grains, fournisseur de la compagnie des Indes

Nicolas donna sa démission de l'armée et s'installa à Nizon comme marchand de grains et fournisseur de la Compagnie des Indes, tout en travaillant avec sa femme au moulin de Poulhouas, qui appartenait aux Derval de Kerminoat. Dans cette ville, la Compagnie des Indes possédait - d'après la mémoire locale - un entrepôt au niveau de l'ancienne boulangerie Keravel avec tribunaux, notariat, commissariat de ventes, et Nicolas a dû y travailler. La ville de Nizon présentait beaucoup d'atouts commerciaux ; elle était au centre d'une région agricole et dotée d'un port, facilement accessible pour les bateaux se rendant à Port-Louis. Les archives des trésoriers du port de Lorient mentionnent le nom, de Limbourg parmi les principaux négociants de la région de Quimper qui ont fourni régulièrement des céréales à la Compagnie des Indes de 1744 à 1765. On aurait aussi écoulé à Nizon les produits des colonies et les belles porcelaines de Chine.

Thamec-Nicolas-Olivier Limbour, petit-fils de Nicolas  et Catherine, exploitait ce moulin vers 1780.Thamec-Marie-Julien, l'arrière-petit-fils lui succéda, puis des cousins prirent la suite


Nicolas Limbourg mourut le 30.05.1766 à Noirmoutier, chez sa fille Madeleine (sur l'acte de décès, il est écrit qu'il était "marchand de blé pour la compagnie des Indes de Lorient"}. Sa veuve mourut peu après, le 24.02.1767 à Riec. Le couple a eu six enfants : Catherine-Jeanne  1731-1789; Pierre 1732-1784; Allain  1734-1776; Nicolas, 1735-1773;Magdeleine  1736-1771; Thomas  1736-1795;Henry  1739-1741.  Les deux fils du couple , Alain et Thomas, s'installèrent également comme meuniers Alain eut plusieurs enfants  qui devinrent également meuniers à Nizon, Pont-Aven, Riec, Moëlan . Leur fille Catherine épousa René Le Gorgeu de Melgven. Dans la descendance, la famille Demezet de Guiscriff représente la  6e génération.



Dans la descendance, la famille Demezet de Guiscriff représente la  6e génération

 Sources : Article  de Jean Lefranc et Christianne Chavonnet   paru dans « Le Lien », centre généalogique du Finistère- septembre 2007 - Généanet

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